Le véritable tolérant sait qu’il ne sait pas, le faux tolérant ne doute pas, il crie !?
Derrière sa façade de bienveillance, la tolérance cache parfois une réalité plus inquiétante : celle d’une tolérance de surface, dogmatique et rigide, qui trahit dans ses actes ce qu’elle prétend défendre dans ses mots.
Le véritable tolérant, est un être qui doute. Il n'est pas faible ou indécis, mais calme et lucide sur ses limites. Il sait que sa vision du monde n’est qu’une perspective parmi d’autres, qu’aucune idée n’est au-dessus de la critique, et que même ses propres certitudes doivent pouvoir être remises en question. C’est cette conscience de l’incertitude qui fonde son ouverture : il accepte la contradiction non comme une menace, mais comme une occasion d’apprendre.
À l’inverse, le faux tolérant se présente comme un parangon de vertu. Il s'indigne, il parle d’ouverture, d’acceptation, de diversité… mais son discours est figé, sans faille, souvent moralisateur. Il ne doute pas. Il se définit comme tolérant, et quiconque ne partage pas ses codes est aussitôt étiqueté comme intolérant, rétrograde ou dangereux.
Ce paradoxe se révèle pleinement dans le dialogue. Lorsque ses idées sont simplement questionnées, le faux tolérant ne répond pas avec calme, mais avec crispation. Sa posture s’effrite, son agressivité monte. L’échange devient impossible. Car reconnaître une autre position reviendrait à admettre qu’il n’a pas le monopole du vrai — une idée insupportable pour celui qui a bâti son identité morale sur cette conviction.
Le faux tolérant ne supporte pas le doute car il est, en réalité, dans une quête de contrôle. Inconsciemment, il camoufle son intolérance sous des discours d’inclusion, mais refuse les écarts, les nuances, les oppositions. La contradiction le démasque, et il la combat non par le dialogue, mais par la disqualification.
À l’inverse, celui qui doute ne cherche pas à avoir le dernier mot. Il écoute, il questionne, il admet ne pas toujours comprendre. Il est capable de dire : « je ne sais pas », sans que cela le fragilise. Et c’est précisément cela, la force du véritable tolérant : une humilité intellectuelle qui rend possible la coexistence pacifique des désaccords.
Dans un monde où la tolérance devient parfois une arme rhétorique pour faire taire plutôt qu’un outil de compréhension mutuelle, il est urgent de réhabiliter le doute. Le doute sincère, fécond, celui qui ouvre la voie au dialogue authentique. Car ce n’est pas l’absence de conflit qui fonde la tolérance, mais la capacité à le traverser sans haine ni rejet.
Carl Os